La conséquence la plus connue du vieillissement de la population est de fragiliser l’équilibre financier des régimes de retraite et des systèmes de santé. Toutefois l’augmentation de la part des personnes très âgées a également pour conséquence d’accroître la proportion d’individus susceptibles de se trouver en état de dépendance. En effet, la dépendance
La notion de « dépendance des personnes âgées » est très…, qui renvoie à l’idée d’un besoin en soins de santé, mais aussi en assistance à la vie quotidienne, est fortement liée à l’âge
La fréquence de la dépendance s’élève fortement avec l’âge avec….
Cette étude se centre sur les quinze pays de l’Union européenne, tout en faisant parfois référence à la situation aux États-Unis, au Canada et au Japon. Les problématiques majeures relatives à la prise en charge de la dépendance sont analysées après une brève étude du vieillissement de la population. Puis la prise en charge de la dépendance est examinée d’un point de vue institutionnel, avant une présentation des différents modes de prise en charge. Enfin, la dernière partie tente d’apporter des éléments de réponse aux questions relatives aux différents types de prestations dépendance.
Le vieillissement de la population
3Pour mesurer la pression potentielle que le vieillissement de la population fait peser sur les systèmes d’aide aux personnes âgées, un premier indicateur est l’évolution de la part des personnes de 80 ans et plus dans la population totale. Dans les dix-huit pays étudiés ici, la part des 80 ans et plus a progressé depuis une quarantaine d’années. Ainsi, en 1960, la part des 80 ans et plus dans les pays étudiés était comprise entre 0,7 et 2 % de la population alors qu’en 1997, elle varie entre 2,5 et 4,8 %. Cependant, l’évolution du vieillissement n’a pas été parallèle dans l’ensemble des pays.
Utiliser comme indicateur la part des 80 ans et plus rapportée à celle des 65 ans et plus permet d’éliminer les effets de « vieillissement par le bas » dus à une forte chute du taux de natalité (cas de l’Italie). Le graphique, avec en abscisse la part des 65 ans et plus dans la population totale, permet de distinguer cinq groupes de pays :
des pays jeunes (Irlande et Canada), avec 11 à 12 % de la population âgée de 65 ans et plus et environ un cinquième de la population âgée ayant plus de 80 ans ;
des pays relativement jeunes (États-Unis, Pays-Bas, Luxembourg et Finlande), avec une part de personnes âgées de 65 ans et plus comprise entre 12,7 pour les États-Unis et 14,5 pour la Finlande ;
l’Espagne, le Portugal, la Grèce et le Japon où la part de la population âgée de 65 ans et plus est déjà importante (entre 15 et 16 %) mais où la proportion des plus de 80 ans relativement aux 65 ans et plus reste encore assez faible. Ces pays sont légèrement décalés par rapport au calendrier européen du vieillissement ;
les autres pays européens, où la part de la population âgée de 65 ans et plus est comprise entre 15 % (Danemark) et 17,1 % (Italie), mais où la part des 80 ans et plus est supérieure à celle des pays d’Europe du sud et du Japon (entre 23 % pour la Belgique et 26 % pour le Danemark) ;
la Suède, où 17,4 % de la population ont plus de 65 ans et presque 28 % des personnes âgées de plus de 65 ans ont plus de 80 ans, est le pays le plus « vieux » du monde.
Selon les projections d’Eurostat (1997), si l’on considère à l’horizon 2020 la part des 80 ans et plus dans la population totale, ce classement devrait être sensiblement modifié. Deux pays du sud, l’Italie et la Grèce, deviendraient les plus « vieux », avec respectivement 6,8 % et 6,3 % de leur population âgée de 80 ans et plus. Les autres pays au-dessus de la moyenne européenne, qui se situerait alors à 5,6 %, seraient l’Allemagne, la France et la Belgique, qui gardent leur situation relative. L’Espagne, quant à elle, serait très proche de la moyenne européenne, juste au-dessus de la Suède dont 5 % de la population totale aurait 80 ans et plus. Enfin, l’Irlande, le Danemark et le Portugal sont les pays où cette proportion serait relativement la plus faible (3,3 % pour l’Irlande, 4,3 % pour le Danemark et le Portugal). Ainsi, globalement, ce seraient les pays du sud qui deviendraient les plus « vieux », alors que les pays du nord auraient une part de personnes très âgées inférieure à la moyenne. Quant au Japon, il va aussi connaître un accroissement spectaculaire de sa population âgée : en 2020, selon les projections du ministère japonais de la santé, la population âgée de 75 ans et plus devrait représenter 12,5 % de la population totale, ce qui le placerait très loin devant les autres pays.
Ainsi l’augmentation, passée, présente et à venir, du nombre des personnes les plus âgées exerce une pression sur les systèmes d’aide de l’ensemble des pays européens, avec cependant des rythmes spécifiques à chaque groupe de pays : les pays du sud de l’Europe et le Japon doivent faire face à un vieillissement spectaculaire de leur population ; la France, l’Allemagne et la Belgique sont dans une situation similaire, mais d’ampleur légèrement inférieure.
Les problématiques majeures relatives à la prise en charge de la dépendance
Les personnes dépendantes ont besoin à la fois d’assistance à la vie quotidienne et de soins médicaux. Ces besoins relèvent globalement du champ de la protection sociale – il s’agit de services sociaux et de services de santé – et ne sont pas indépendants les uns des autres. Ainsi, la prise en charge de la dépendance s’exerce de manière concomitante à la prise en charge médicale. Il n’est donc pas toujours facile de différencier ce qui relève de l’assurance maladie ou de systèmes spécifiques à la dépendance. Cela a deux conséquences : d’une part les orientations prises par les différents pays en matière de prise en charge de la dépendance sont généralement en lien avec les systèmes de santé (et plus généralement de protection sociale) existants (cf. encadré 1). D’autre part, en raison de la multiplicité des acteurs concernés et de leur diversité d’un pays à l’autre, il est difficile de mesurer les masses financières consacrées au financement de la dépendance.
6Dans la quasi-totalité des pays, les soins médicaux sont couverts par l’assurance maladie quand la personne perd son autonomie. Lorsque des dispositifs assurantiels de prise en charge de la dépendance existent, ils ont généralement pour principal objet de compenser les frais générés par le besoin d’aide d’une tierce personne pour effectuer les actes essentiels de la vie. Dans les pays où une logique d’aide sociale prédomine, le besoin d’aide est pris en charge par les collectivités publiques au-dessous de certains seuils de ressources. En ce qui concerne l’hébergement des personnes dépendantes, les collectivités locales ou les caisses de retraite peuvent contribuer aux frais occasionnés par l’adaptation du logement à leur état. En revanche, les prestations soins de longue durée ne prennent généralement pas en charge les coûts liés à l’hébergement, qui relèvent le cas échéant de dispositifs d’aide sociale complémentaires.